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poésie lubrifiante - Page 5

  • passades

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    Anciennes boucheries, mon sang n'a fait qu'un tour
    et prit
    la mesure d'une ombre
    à l'enjambement sûr
    fuyant le jour des murs
    et logeant sa pénombre
    sous les porches des cours d'hôtel particulier

    Ça fleur' bon la poubelle

    et l'eau des caniveaux ruissèle
    son lot de vanités
    d'usages éculés
    tous les petits bonheurs gâchés par de pauvres ficelles
    appels d'orgues dénaturés
    pour la gloire des fronts blasés
    d'être à leurs trahisons fidèles
    et gravement scellés

     

    Passons...

    Quel heur as-tu à ton giron ?
    Dis, faisons bonne chère
    l'un de l'autre et laissons aux vers
    les quelques rogatons
    qu'épargnera notre carnage
    Consommons-nous avec orage
    et dans l'oubli du jour
    mijotons-nous en petits-fours
    Embouchés à l'arène
    que nos cors clament nos hymens

    T'hallali ! T'hallali !

    Sus aux anciennes boucheries !
    Place aux carnages neufs

    T'hallali ! Talala !

    ce qui fut jamais ne sera
    plus tendre
    qu'un bon pavé de meuf à prendre

    Au bocage, carrés de vaux !

    À la page, les tournedos !

    Ce soir, à la sortie d'Esope

    pavane la haie des salopes
    pour le cercle des Galant'In
    aux luisants colliers de cyprine
    Est-ce qu'à l'opéra bouffe à la crème
    la Grande Esbrouffe sa Bohème ?
    Et non ! ben nous, pareil !
    L'est pas moins goûteuse à l'oseille
    mais nous l'aimons crémière
    à la table de nos grands-mères

    Passons...

    De noirs onglets
    vont promener
    les ailleurs maladifs
    qui leur gouttent du pif
    sur de longs parapets

    Si lentes, lentes leurs charpentes

    haut succès d'années apparentes
    vouées à cultiver
    des bénédicités
    obstinément l'art de l'attente
    avec le cœur trop près du ventre
    et l'œil humidifié
    aux reflets d'eau courante
    et savamment innée, vibrante et toute énamourée

    C'est que ça fibre à l'ostensoir

    les mains libres des onglets noirs
    dites,
    remettez-m'en cinq livres, vite !

    Mais passons...

    Que j'en aie le carné
    rempli à satiété
    bouche, ris quand je te dévore
    et me dis ce mot que j'adore :
    "Sois donc pas marcassin !
    et rabourre-moi ce chemin"

     

    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • Grande première

    Pauvre, le rire passe et claque des talons
    s'efface, emporté par les sifflements humides
    glissant sur la chaussée où la journée se vide
    et draine un long ajournement de peine humaine
    à l'heure où vêpres sonne au clocheton
    le prompt rapatriement des singletons

    Impaire, une frise de néons clignotants
    électrise des yeux saisis d'envie puérile
    et la fièvre flouée des amours malhabiles
    s'invente un réconfort de carne appétissante
    sous des voiles plastiques transparents
    qui pointent dru au tétin provocant

    Oh, calade !
    je l'aurais vue plus gaie, ta promenade
    O tempora, o mores !
    À battre le pavé, la monnaie de ta pièce
    expire
    et n'aura bientôt plus que du soufre à gémir

    Lui qui va comme il peut après elles, toujours
    jette sur son épaule un rabat de sourire
    tient dans sa main gantée son dû pour le moins pire
    et jauge, habitué qu'il est, la crèche où on le loge
    (il fit son choix après son petit tour
    parmi les friandises dans la cour)

    Bégueule, elle annonce le prix comme il se doit
    et feule un ordre avilissant qu'il exécute
    surpris d'en apprécier autant la force brute
    salive, avant de tout céder à la dérive
    maintenant ligoté, les bras en croix
    savoure et jouit pour la première fois

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#77

     

  • après vous

    Après la bouche qui caresse
    la main, fraîche caresse encore

    Puis, dans les corps abandonnés
    la vie qui singe la mort

    Sur la courbe nue de la fesse
    la chaleur d’une tache d’or

    Juste avant son oubli, l’ivresse
    à l’œil qui se ferme et s’endort

    Les corps lourds ont le cœur léger
    Il s’envole par la fenêtre
    un souffle d’âmes délestées
    rejoignant le tableau de maître

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

    Illustration : Wassily Kandinsky, Courbe dominante.

  • roman fleuve

    Molle parade au lit noueux
    va son cours le fleuve indolent
    ses lèvres brunes paressant
    aux pieds des arbres tortueux

    Au loin, son sourire folâtre
    avec une ancienne aventure
    qui le nargue à cette embouchure
    et lui rengorge une eau saumâtre

    Pas de deux sous l’enjambement
    d’un pont sur ses rives cabré
    nous promenons nos satiétés
    repues de nos derniers élans

    Tu n’as pas froid, dis, sous mon aile ?
    Es-tu sereine et bien heureuse ?
    Tai-je connue plus radieuse ?
    Hier, étais-tu aussi belle ?

    Vois, je rechigne à prononcer
    à ton oreille ces questions
    quand à ma joue colle ton front
    et que je t’entends murmurer :

    Vois, je suis pareille à ce fleuve
    où tu viens tremper ton plumage
    toi, mon bel oiseau de passage
    et que n’entame aucune épreuve

    Moi qui me rêvais mandarin
    pêchant jusqu’au seuil de la nuit
    de quoi combler nos appétits
    et te réveillant au matin !

    C’est à douter des connivences
    et leur tacite certitude
    accolée à cette habitude
    où nous croyons lire la chance

    Comme à marcher d’un même pas
    on se croit pris d’un même élan
    vers le même endroit cependant
    qu’on sera seul arrivé là

    Où mollement le fleuve emporte
    la moindre poussière alluviale
    que la profondeur abyssale
    entraîne dans sa place forte

    Mais puisqu’on se l’était juré
    je te dis tout mon sentiment
    quand le marin de l’océan
    ravive le parfum salé

    Et ton sourire
    chasse entre nous l’idée du pire

     

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    tiniak © 2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK

  • pudeur ?

    Pudeur, pudeur... quel visage as-tu donc ?

    celui qui met des fleurs sur un œil amoureux
    celui qu'on voit aux sœurs par-dessous la cornette
    ou l'autre mystérieux d'une trame secrète
    abritée sous le pli d'un maroquin taiseux ?

    Quoi donc ? Un voile encor sur le voile des chairs

    une pénombre close à l'endroit où s'aimer
    un battement de cils assommant la pensée
    une ferme injonction peinte sur la barrière ?

    Qu'es-tu pudeur à mon cœur étrangère ?

    tiniak ©2010 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK